Liahk, mystérieux Crâ

Perdu dans ses pensées, il détaillait du bout des doigts le blason en relief, incrusté dans la couverture de l'épais grimoire. Quelques instants plus tard, il soupira "Désolé jolie fée... Je ne peux pas". Il se dirigea prestement vers la sortie, laissant derrière lui ce qu'il savait ne pas être sa destinée.

La rencontre fut brutale, le bruit du choc résonna dans ce temple étrangement vide. Surprise, la Sram se releva d'un bond, prête à sortir les dagues de leurs fourreaux pour répondre à cet "agresseur" qui avait encore le siège par terre. Son visage se détendit: "Liahk ? Mais que fais tu ici ?" lui demanda-t-elle en lui tendant une main amicale pour l'aider à se relever. L'immense Crâ se redressa avec l'aide offerte et plaisanta: "Percie ! Tu es bien plus résistante que tu sembles l'être !!". Il épousseta ses habits et remit en place la simple ficelle de lin qui noue ses longs cheveux de jais. La Sram en profita pour détailler ce digne représentant de l'étendue de Crâ dont parlait souvent Malicya; deux têtes de plus qu'elle, une étonnante musculature, un regard ténébreux souligné par une large cicatrice courant sur sa joue gauche et...

Le craquement d'une bûche dans le foyer tira Percevaline de ses pensées et reprit: "Alors Liahk ? Que fais tu ici ? Tu t'es enfin décidé à rejoindre notre communauté ?", sur ces mots Liahk devient blême, cherchant rapidement des yeux quelque chose qu'il lui avait échappé des mains lors de la collision. "Est-ce ceci que tu cherches ?" questionna une fois de plus la Sram en lui tendant un parchemin cacheté. Le Crâ un peu embarrassé récupéra le précieux rouleau et se sentit obligé de lui dévoiler la vérité: "Percie, je suis effectivement venu ici pour demander officiellement mon intégration aux "Larmes du Dragon"", il leva la main pour calmer Percevaline qui arborait un large sourire. Il reprit "...Mais... une fois devant le grimoire, je.... je n'ai pas pu la déposer" désignant la demande officielle qu'il avait faillit égarer. "Cela va à l'encontre de mes principes, de ce que je suis, vois tu, j'ai toujours été habitué à vivre seul, à vivre de ce que la nature a à m'offrir, je suis désolé Percie, la vie en communauté n'est pas faite pour moi". Il espérait que cette partie de la vérité suffirait, le reste étant bien plus profond, bien plus intime et difficilement explicable.

Il était tendu, pourquoi a-t-il fallu qu'il tombe (dans tous les sens du terme ), sur une représentante de la communauté, il eut été tellement plus facile de s'éclipser discrètement sans que personne ne le voit ou le questionne, il était vraiment embarrassé. "Et bien mon ami, tu dois suivre ce que te dicte ton coeur", ces quelques mots et le magnifique sourire de la Sram soulagèrent Liahk. "Avant de quitter ce lieu, j'aurai un service à te demander Percie", le visage du Crâ devint soudain très sérieux, "J'aimerai que tu ne parles pas de tout ceci à Malicya, je sais qu'elle voulait de tout coeur que je vous rejoigne, je ne voudrais pas qu'elle prenne ombrage de ma décision et que notre amitié en pâtisse, je tiens beaucoup à elle, je crois en sa destinée et votre quête". La Sram acquiesça "Ah ! et j'allais oublier" entonna-t-il en sortant de sa besace une petite bourse, "J'ai cru comprendre que vous cherchiez des fonds pour investir dans l'immobilier, voici une modeste contribution pour vous aider à y parvenir". Avec un large sourire, il donna la bourse à Percevaline et s'en alla, suivi de son petit bwak "Que Crâ vous protège" lança-t-il finalement au dessus de son épaule en faisant un signe de la main. "A bientôt, Liahk" murmura-t-elle, étonnée de ce généreux cadeau fait à la communauté.

(HRP: C'est bien la première fois que je fais une demande de non-recrutage /HRP)

Malicya regarda le grimoire et poussa un long soupir. Oh bien sûr au fond d'elle même elle savait que son ami crâ n'allait pas les rejoindre, mais en apercevant son nom sur la liste des visiteurs ayant consultés le grimoire elle n'avait pu s'empêcher de nourrir un espoir, même très faible.
Il avait été clair dès leur 1ère rencontre. Il ne tenait à intégrer aucune guilde. Elle ne le connaissait pas alors mais elle avait pourtant senti une âme noble en lui. Et puis elle avait appris à le connaitre et une jolie amitié était née entre eux d'eux. A mesure qu'elle grandissait et que la jeune eniripsa découvrait les grandes qualités de coeur de Liahk l'envie qu'il lutte sous le blason de Bolgrot augmentait aussi.

Mais quand on aime les gens on les aime tels qu'ils sont et on respecte leurs choix.

PS: merci pour ton généreux don...

Les flammes dansaient dans l'âtre du feu de camp. Leur valse hypnotiques captivait les regards, et permettait aux esprits concentrés de faire le vide, comme sous le coup d'un envoutement. L'ambiance était chaleureuse et aurait incité à la narration en d'autres circonstances. Mais les nombreux cadavres de tonnelets de bières alentours, et les vapeurs enivrantes qui s'en dégageaient ne laissaient pas de doutes sur le fait que les inhibitions devaient s'être évanouies, et les langues libérées. Ainsi était venu le temps des confidences, des mots de trop et des secrets violés…

Feydina repensait à ce qu’elle venait d’apprendre… la révélation l’avait profondément touchée bien qu’elle ne devinait pas pourquoi. Peu être au fond n’étais-ce que le sentiment de culpabilité qui la perturbait. Elle savait qu’inciter ainsi son amie à boire ne pouvait que courir à la catastrophe ou aux commérages croustillants dont sa consœur est si friande. L’alcool trois fois distillé de ce bon vieux Ripate arrivant plus vite au cerveau qu’à l’estomac, Perce valine avait déballé sans difficultés son secret… Sans même qu’il y eut besoin de la questionner… A bien y réfléchir… Percie avait-elle vraiment parlé sous l’effet de l’alcool... ? Feydina offrit un regard malicieux à sa belle amie qui roupillait déjà, le cul entre deux barriques et les quatre fers en l’air…

Ainsi Liahk, ne rejoindrai pas notre clan, il continuerai son chemin sans rallier la bannière des Larmes. Feydina aurais dut se sentir triste, tout du moins c’est ce qu’elle aurait trouvé logique. Bien qu’elle ressassait cela dans sa tête encore et encore, ce sentiment ne se montrait pas. « Pourtant, ce crâ as tout pour lui », se murmurait-elle : « séduisant, gracieux, beau parleur mais toujours galant ». En effet, sa compagnie lui avait été agréable en plusieurs occasions, au point que les moments où il fallait se quitter se rallongeaient d’eux-mêmes. Elle commençait déjà à le considérer comme un ami et en fait attendais leur prochaine rencontre avec impatience. Pourquoi alors la nouvelle de son refus ne l’accablait pas ? Fouillant dans ses souvenirs, elle fit ressurgir le moment de leur première rencontre. C’était lors d’une chasse aux craqueleurs, où, comme toujours, elle accompagnait Malicya. Liahk avait refusé alors les propositions d’embauches, arguant qu’il tenait pardessus tout à son indépendance et son autonomie. Elle se souvient qu’elle l’avait respecté aussitôt en entendant ses mots, tant il semblait inébranlable dans sa résolution. Cela l’avait rassurée aussi de penser que certains dans ce monde osaient faire le choix de l’individualisme par conviction, sans pour autant s’enfermer sur soi-même. Au contraire en cherchant à nouer contact et à tisser le plus de liens possible avec toutes les personnes méritantes sans devoir s’attacher à aucune conventions… Et pouvoir malgré tout apporter son aide, sans avoir la crainte de recevoir quelque chose en retour ; juste par générosité…

« Cruuiiikkk » un tofu maléfique chassant non loin venait de tirer Feydina de sa méditation. Elle avala une gorgée de mousse (quelque peu éventée) et prit une seconde pour s’observer. Depuis qu’elle était au service du Dragon sa vie avait changée, elle était bouleversée. En bien sans aucun doutes, mais il y avait aussi les devoirs et les obligations. Ils sont honneurs et plaisirs, mais représentent indiscutablement une charge… Voilà elle venait de mettre le doigt sur ce qu’elle cherchait. Levant sa chopine vers le ciel, elle scruta les étoiles un instant. Puis, s’arrêtant sur la constellation du crâ, elle pointa sa bière, vers l’astre le plus brillant, pour porter un toast : « Mon cher Liahk… je t’envie… » Naturellement elle vida sa chopine cul-sec avant de laisser échapper un soupire.

Reportant son attention sur le feu, la sramette entrepris de détacher à nouveau son esprit pour entamer une journée de sommeil. Elle distingua à travers les hautes flammes jaunes son amie avachie… Et l’effet fut immédiat, sa mélancolie disparut, un profond sentiment d’aise l’envahît et elle n’eut plus qu’un désir : partager son amour avec ceux qu’elle avait appris à aimer au cours de ces jours, semaines et mois passés dans les Larmes du Dragon. Elle étouffa le feu à coups de pieds, prit son amie par la taille pour la porter sur son dos et ouvrit sa boussole pour retrouver Malicya. Abandonnant sous les cendres du feu de camp sa mélancolie, elle courut plus lestement qu’une dragodinde vers ceux qu’elle appelait désormais « les siens ». «Mon cœur est en joie compagnons ! J’arrive… !»

.

*Entendant la complainte de sa consoeur, Feydina quelque peu irritée la convoque à son bureau pour un entretient privé. Pour se calmer un peu et attendant l'arrivée de la sramette qui tarde à venir, elle se prépare une tisane aux feuilles de Kaliptus... une gorgée plus tard, ayant tout recraché par terre, elle ouvre le mini bar adjacent à son bureau et se ressert de la bonne bière de pirate. C'est alors qu'elle commençait à peine à se délecter de la mousse onctueuse que Percevaline choisit de faire son entrée. Regardant par la fenêtre Feydina ne se retourne même et lui adresse un accueil cordial :*

- Feydina : "Te voilà enfin, j'ai faillit attendre..."

-Percevaline "J'..."

-Feydina, lui coupant la parole : "Je t'ai faite venir pour une raison fort simple..."

*Elle se retourne enfin et toise la jeune femme debout devant elle. Elle pose sa tasse sur le rebord de son bureau et se retourne vers la fenêtre, tournant le dos à Percevaline*

-Feydina : "Tu as cru bon de mettre mon jugement en doute en publique, si tu as un problème avec moi j'attends que tu me parle directement. Assied toi, je t'écoute. Et soit brève pour une fois tu n'es pas ma priorité"

.

*Percevaline était bien novice en diplomatie, surtout lorsqu'il s'agissait de discutions entre srams. Si elle avait subit le même entrainement d'élite que Feydina elle aurait sut qu'il fallait toujours lancer un sort de "repérage" avant d'entrer dans une pièce. Bien sur cela n'aurais servit à rien, d'ailleurs elle l'avait peut-être fait discrètement, mais le piège avait été tendu par une experte en la matière.*

*Un petit retour en arrière s'impose : lorsque Feydina s'était retourné pour poser sa tasse, ce n'était qu'une diversion visant à attirer le regard de sa rivale. Pendant ce temps elle avait invoqué un double devant la fenêtre, en même temps qu’elle obligeait Percevaline à baisser le regard sous le poids du sien, ce qui lui permit de se lancer un sort d'invisibilité. Ensuite pendant que Percie parlait à son double immobile devant la fenêtre, Feydina n'avait eut qu'à se diriger tranquillement vers la porte. Porte vers laquelle Percie devait fatalement se diriger tôt ou tard face au mutisme du clone (ce qui n'avais pas tardé en effet ^^).*

* La suite se passa en un éclair : avant qu'elle puisse poser le pied de l'autre coté du seuil de la porte, Feydina fit un énorme « BOUH! » Sous le nez de Percevaline qui reculant dérapa sur la flaque de thé que Fey avait déposé plus tôt, elle finit sa chute à reculons en heurtant le bureau, ce qui fit tomber la chopine de bière sur la tête de la pauvre sramette : humiliée, humidifiée et le cul par terre... à nouveau : les quatre fers en l’air*

-Feydina : "MWahaha" "Et ça se dit sram! Tu ne détecte pas un piège simple, même un eca l'aurais sentit"

-Percevaline :"M..."

-Feydina, ne lui lassant pas le temps de répondre une fois de plus : "Si tu es si faible il ne fallait pas trainer prés de moi, tu n'es pas de taille. Je n'y peu rien moi si tu es si naïve, penses-tu que Liahk ne savait pas que tu allais révéler sa confidence? il t'a utilisée pour porter un message à Malicya, ce n'était pas de la manipulation, c'était du tact, mais je suppose que ça aussi ça t'as échappé... Je te laisse méditer sur ta bêtise, j'ai d'autres xelors à fouetter..."

*Feydina majestueuse, quitte la pièce sans attendre de réponse... tout était dit, la frêle jeune femme avait été remise à sa place comme il se doit.*

.

.

.

Assise sur le rebord de ma fenêtre, je contemplais le ciel. La nuit était fraîche et sans étoile ce qui n’était pas fait pour m’apaiser. Je serrais contre mon cœur le parchemin en partie brûlé. Des larmes roulaient lentement sur mes joues, les unes après les autres. Je luttais pour ne pas laisser la tristesse m’envahir à nouveau. J’avais besoin de toute ma sérénité pour faire face à la révélation. Je me concentrais sur les bruits de la nuit, et fermais les yeux pour visualiser l’image de la mer, une des seules choses qui parvenait toujours à m’apaiser. Je pouvais voir derrière mes paupières closes le ressac des vagues, parvenant même à entendre leur bruit et sentir l’odeur de la brise marine. Voilà, j’y étais, au plus profond de moi-même, dans cette partie de mon for intérieur que je tâchais de préserver de tout, un peu comme un jardin secret que l’on protège de toutes nuisances. Je laissais revenir à moi les événements récents. Je repensais à ma visite chez Percie. J’étais bien loin alors d’imaginer ce qui m’attendait…
En tant que guide des Larmes du Dragon j’avais bien sûr à cœur le bien être de mes compagnons, mais bien au-delà de cela c’était d’amitié qu’il était question. Je n’aimais pas sentir ma jeune amie si triste et perturbée. Cela faisait quelques jours déjà que mes 2 sramettes préférées se déchiraient à coups de piques et de pièges. Je me sentais coupable d’avoir laissé la situation s’envenimer. Mais c’était terminé ! J’avais bien l’intention de mettre fin à la querelle même si je devais user d’autorité (ce que je déteste réellement). Je demandais donc un entretien à Percevaline et me présentais chez elle. Je ne tardais pas à demander ce qui préoccupait mon amie. La sramette tenta de me rassurer du mieux qu’elle put mais sa gêne était palpable. Pourtant je découvris que contrairement à ce que je croyais sa querelle avec Fey n’avait rien à voir avec les soucis qui la rendaient si maussade. Non, il semblait plutôt qu’elle détenait un lourd secret, bien trop lourd pour elle. Je fis le lien avec le parchemin qu’elle avait mis tant de force à cacher la veille. Je tâchais donc de la questionner à ce sujet. Elle était de plus en plus mal à l’aise et finit par m’avouer que j’avais raison. Qu’elle avait fait une terrible découverte concernant la guilde. Seulement elle concernait surtout une personne avec qui elle s’était liée d’amitié. Percevaline était donc partagée entre sa loyauté envers elle et envers nous. Dans d’autres circonstances, je ne l’aurais jamais forcé à me faire de révélation mais il était question des Larmes du Dragon je devais mettre mes principes de côté et m’assurer que ce parchemin ne contenait pas d’information capitale nous concernant. Il me fallut un peu de temps pour vaincre les résistances de mon amie mais elle finit par tout me dévoiler pour notre bien à tous même si elle avait peur de la réaction de la personne concernée. Elle alla sortir le document de sa cachette et me le remit. La sramette m’expliqua comment elle s’était retrouvée avec ce papier entre les mains. Un vil personnage le lui avait monnayé.
Je fus bouleversée par ce que je tenais entre les mains : ce parchemin brûlé n’était autre que la candidature de Liahk…

Vous tenez entre les mains un parchemin qui a connu la morsure du feu, certains passages sont illisibles, mais le principal reste tout à fait compréhensible, une petite marque en bas à droite indique qu'il s'agit du feuillet 2/3.

Citation :

[...]Le ciel était dégagé, les feuilles bruissaient sous l'effet d'une légère brise, couvrant le bruit de mes pas sur l’humus et les brindilles sèches qui parsemaient le bord de la clairière ; Une journée idéale pour chasser. Gaïa se figea soudain ; ce petit bwak m’a toujours été d’une aide précieuse pour débusquer le gibier ; un sanglier sauvage, perdu ici en pleine forêt d’Amakna, loin des terres du nord où on avait l’habitude de le rencontrer, trop occupé à retourner la terre, l’animal n’avait pas senti ma présence. Dommage pour lui, ce soir il y aura du jambon cuit au menu !

J’enduisis la pointe d’une flèche d’un poison de mon cru en espérant qu’il assommera la bête du premier coup, je connaissais trop bien la douleur d’une défense pénétrant dans la chair, je priais Crâ de toutes mes forces pour qu’Elle guide cette flèche au cœur de son système nerveux. La corde tendue à l’extrême, jaunissant mes doigts sous la pression, attendait que la bête se présente sous un angle propice pour être relâchée.

Tout devint très calme, le vent avait cessé de souffler, j’entendais le sang affluer à mes tempes quand le sanglier me repéra, ses yeux injectés ne lâchaient pas mon regard, nous restâmes ainsi de longues minutes à nous « dévisager », j’essayais de garder mon calme pour ne pas lâcher la corde prématurément mais, contre toute attente, affolée, la bête détala dans les profondeurs du sous bois, l’action fût tellement rapide que je n’eut même pas le temps de décocher cette flèche suintante prête à se ficher dans la carcasse de l’animal.

« C’est ton jour de chance mon cochon», pensais-je en protégeant d’un bout de peau la pointe de la flèche qui servirait tôt ou tard au cours de la journée. Un nuage devait occulter le soleil, tout devint très sombre autour de moi. C’est alors que je sentis un souffle chaud et soufré sur la nuque ; je fis volte-face, main sur le couteau, il allait peut être finalement servir…

De toute sa hauteur, un immense dragon me contemplait, je ne savais pas si c’était pour mon charme irrésistible ou ma chair tendre et appétissante, mais j’étais à sa merci, médusé par sa prestance, je ne pouvais plus bouger. Ses babines se retroussèrent laissant apparaître de gigantesques crocs blancs, aiguisés comme des rasoirs. Ne sachant que faire, je m’en remis à Crâ.

« Je ne te veux aucun mal Liahk, héritier du sang d'Errel», tonna la voix rauque du grand reptile qui se prosterna à mon grand étonnement devant moi, « Je me nomme Bolgrot, ancien gardien des six Dofus sacrés, je me tiens aujourd’hui humblement devant toi afin de quérir ton assistance... ». D'épaisses larmes roulèrent sur les joues du dragon, devenu soudain bien silencieux. Je ne comprenais pas ce qui se passait jusqu’à ce qu’elles touchent le sol, « Pshhhh ! » l’herbe se recroquevillait et brûlait à leur contact, dégageant une légère fumerole… « Du sang !» m’écriais-je en reculant vivement. J’aperçu très rapidement la cause de ce phénomène : la pointe et l’empenne d’une immense flèche magique émergeaient de part et d'autre de la gorge de Bolgrot.

Une seule personne pouvait lancer un tel sort, une telle flèche pour empaler de la sorte un dragon. Elle était là, belle et majestueuse, enveloppée d’une aura lumineuse, flottant à quelques mètres au dessus du sol. Après avoir sondé mon âme d’un simple regard divin, elle esquissa un sourire en m’adressant un « non » d’un imperceptible mouvement de tête et disparu dans un éclat de lumière.

Mon attention se reporta alors sur le dragon à l’agonie, quand une vive brûlure sous mon œil gauche m’extirpa de la torpeur dans laquelle m’avaient plongé les événements, la tête du Dragon venait de se détacher du reste du corps dans d’immenses gerbes d'hémoglobine acide…

La brûlure devint si intense qu’elle finit par me réveiller en plein milieu de la nuit dans un cri de douleur, haletant, mains au visage je me dirigeai vers un puit non loin pour me rafraîchir les idées. C’était la deuxième fois que ce rêve venait me hanter. Je regardais ma cicatrice se refléter sur la surface de l’eau, qu’est ce que tout cela signifiait ? [...]

Il était en train de réparer le toit de sa petite baraque fraîchement acquise à l’orée de la forêt d’Amakna, quand le piaillement d’un tofu vint le perturber, s’apprêtant à lui décocher une chercheuse - réflexe de chasseur oblige - il se ravisa lorsqu’il vit un message accroché à la patte.

L’enveloppe portait le sceau des « Larmes du Dragon », il reconnut l’écriture hésitante de Percevaline. Assis sur son rocher, il relut la missive plusieurs fois, le visage décomposé. Ce n’était pas possible… Malicya et Feydina…. n’étaient plus de ce monde….. Une immense colère montait en lui.

Dans un moment de lucidité, la longue discussion qu’il avait eu avec Malicya au sujet de son rêve lui revenait… Il se rememorait cette douce nuit pendant laquelle ils avaient tous les deux conclus… qu’il n’était pas un élu. Ses rêves n’étaient pas du fait de Bolgrot mais de Crâ elle même, ils étaient venus le hanter les deux nuits où il avait pris la décision de rejoindre les « Larmes du Dragon » l’invitant à y renoncer. Tous deux avaient cependant longuement hésité sur l’interprétation de la mise à mort de Bolgrot. Mais maintenant, toutes les pièces du puzzle étaient en place...

« Bolgrot les avait rappelé… » ces mots écrits de la main de Percevaline tournaient dans sa tête…

« SOIT MAUDIT BOLGROT !! » hurla-t-il, froissant le parchemin et le jetant au loin… Comment avait il pu ne pas comprendre la mise en garde de Crâ… Bolgrot créature vile et malfaisante, autrefois responsable de la mort d'un être cher à son ancêtre, venait encore de frapper, aujourd'hui, sous son apparence éthérée. Quelle perfidie, jusque dans son dernier souffle Bolgrot rependit chaos et destruction sur Amakna en offrant aux hommes les puissants Dofus, causant de nombreuses guerres et traîtrises, révélant le côté obscure de l’humanité.

Liahk comprit alors la ruse de Bolgrot… Il intervenait dans les rêves de nombreux guerriers valeureux, leur demandant de se rallier et de retrouver les « Dofus » pour les protéger. Quelle duperie ! Il n’avait qu’une seule intention, profiter de la crédulité de ces braves pour regrouper les artefacts et retrouver sa forme originelle afin de rompre une fois de plus l’équilibre du monde….

« Compte sur moi, maudit Dragon, si un jour tu parviens à tes fins, je t'attendrais pour te detruire une fois pour toute, toi... et tes precieux oeufs» vociféra Liahk, jurant sur son sang, le sang d'Errel...

Malicya...Feydina...

Voilà plusieurs jours que Link etait au fond d'un abime de chagrin et de colère, La disparition soudaine de celles qu'il avait suivi, aimé, pour qui il avait tout donné le laissait déchiré, comme frappé de stupeur.
Ouvrant le GGG à la recherche d'un espoir, d'une raison pour expliquer l'irrationnel, un parchemin neuf, signé de Liahk le fit tressaillir.
Bolgrot...
Manipulés...
Depuis le début...
Non, imposssible, sa foi en le Dragon ne pouvait être remise en cause, et pourtant, comment Mali et Feydina avaient elles pu périr ainsi, déviant complètement de leur destin, si brusquement.... Le doute s'installa, luttant aprement dans le coeur de Link contre la foi qu'il avait nourrie pour la cause du Dragon.
Proteger les Dofus, oui bien sûr, Link savait trop bien ce que des êtres malveillants pouvaient faire d'un tel pouvoir, il avait vu une fois un Dofus briller au flanc de celui qui menait les démons de Brakmar à la ruine de son village, plus jamais un tel pouvoir ne devait se retrouver entre des mains malfaisantes.
"La cause du Dragon est donc juste..." si prit il a murmurer.
Une voix retentit derrière lui
-"Oui frère, elle est juste, mais Bolgrot l'est-il, lui ?"
Ganodorf, le fidèle tofu, piailla de joie au côté de Link en entendant la voix de Pandala-Jones, qui poursuivit
-"Link, mon doux et paisible frère, je comprend ton hésitation ainsi que ta détresse, je sais à quel point le désespoir t'accable. Mais je pense que Liahk a raison. Qui a jamais prouvé les intentions de ce dragon ? Que savons nous de lui à part que sa naissance est due à des agissement démoniaques, à part qu'il ne nous parle que par des rêves aussi enjoleurs que douteux?"
Link pinça les lèvres, il savait que son frère disait vrai, mais comment abandonner une croyance aussi forte ?
-"C'est tout ce à quoi j'ai voué ma vie, Pandy, je ne sais pas, je ne peux pas..." Sa voix tremblait
Pandy regarda son frère avec douceur
-"Link, écoute ton coeur, qui suivais tu réellement ?"
-"Mali" Il releva la tête "c'est vrai Pandy, c'est Mali et Fey que je suivais, et j'adoptais leur cause car elle est juste, mais ce qui comptais c'était ce lien entre nous, les Larmes"
Pandy sourit
-"Comme tu le vois frère, la cause est juste et l'amitié aussi, la seule chose à éliminer de l'équation c'est l'influence douteuse d'une puissance aux motivations inconnues"
-"Mais que devons nous faire dans ce cas Pandy ?"
-"Toujours proteger les Dofus, mais de Bolgrot aussi !" s'exclama t'il en lançant un rire clair.
Link était désarmé devant la vitalité et la joyeuse énergie qui émanait de son frère, il avait soudain l'impression de se sentir bien vieux, attaché à un passé qui n'avait pas de prise sur Pandala-Jones.
-"Pandy, mon aventureux, mon téméraire et joyeux frère, je crois que ton temps est venu,"
-"Je sais cher Link, il est temps de prendre un nouveau départ, regarde"
Ouvrant sa besace, Pandala-Jones en sortit un objet brillant, qu'il présenta à son frère. La paume ouverte du jeune Osamodas laissait voir une luisante pierre aux reflets d'argent.
-"Une guildalogemme !"
-"je suis prèt, Link, après tout ce temps où tu m'as fait grandir, ou tu m'as protégé, je suis prèt à poursuivre le chemin. Ce qui s'est passé sur Pandala, notre village ruiné et pillé, ces vies sacrifiées, cela ne doit pas se reproduire. Je me dois de trouver des ames vaillantes, sans doute certains que nous connaissons déjà tels Hykuri ou Kwartz, et puis d'autres. De valeureux aventuriers pour trouver les Dofus et les autres reliques puissantes en ce monde, partir à l'aventure pour les soustraire des mains malveillantes. Une guilde d'Aventuriers pour les découvrir, pour explorer le monde jusqu'au bout des ses confins, et si même il devait exister un Dofus ignoré de tous, un Dofus dont l'existence même serait un secret, ce Dofus Perdu nous le trouverions, et nous le garderions hors de portée de Brakmar et ses despotes, hors de portée de quelque Dragon que ce soit, n'écoutant que notre coeur et notre aspiration au bien de tous, à un monde de paix. Oui Link, ce Dofus Perdu n'existe peut être pas, mais ce sera un idéal qui nous guidera, nous, les Aventuriers du Dofus Perdu"

Il s'enfonçait d'un pas léger dans les profondeurs de la forêt abraknyde, repensant aux derniers événements.

Comment il informa quelques jours auparavant ce qui restait des "larmes du dragon" du danger potentiel qui planait sur leurs têtes... Après son coup de sang de la veille, les idées de nouveau claires, il se rendit compte qu'il ne pouvait pas se servir des "Larmes" pour son propre dessein, pour accomplir sa vengeance, ceci était égoïste et dangereux pour eux, il n'était pas aussi vil que Bolgrot, il ne pouvait en être autrement, peu importe la réaction qu'ils auraient en lisant son parchemin mais il devait le faire. Il savait au fond de son coeur que cela permettrait peut être de redonner un peu d'espoir à certains membres de cette communauté déchue.

Ce qui l'inquiétait par contre était la réaction de Percevaline, pour quelle raison avait elle arraché, gribouillé et effacé méthodiquement chacun de ses écrits dans le grimoire ? Il redoutait le pire, surtout avec ce démon qui lui tournait autour depuis quelques temps, il devait faire quelque chose avant que l'impensable ne se produise.

Enfin, il repensa à cette âme perdue devant ses fenêtres, elle semblait vouloir rentrer en contact avec lui, mais son empathie était limitée aux êtres vivants... Cette forme éthérée venait flotter tous les soirs dans son jardin, il était quasiment certain qu'il s'agissait de Feydina, raison de sa présence dans cette forêt, il devait Le trouver et il savait où chercher.

Il s'arrêta devant la caverne béante, si il y a bien "quelqu'un" qui savait comment ramener les morts à la vie, c'était bien lui, l'Esprit de la forêt, dont le repère était tout près de l'orme géant de l'autre côté de cette sombre grotte... Il y pénétra par le pied gauche (il parait que ça porte bonheur), l'arc en bandoulière, un léger sourire aux lèvres...