La bataille avait été rude. Je sentais mes forces m’abandonner. La douleur provoquée par la blessure mortelle qui m’avait été infligée n’arrivait en rien à rivaliser avec la déchirure infligée à mon cœur. J’avais échoué, tous les doutes que j’avais toujours nourri sur ma qualité de guide des Larmes du Dragon s’avéraient exacts. Je n’avais pas été à la hauteur malgré tout ce que j’avais pu donner. Rien n’avait suffit ni mon amour, ni mes espoirs, ni mon âme. Je ne serais plus là désormais pour veiller sur mes compagnons. Comme j’avais mal en pensant à eux, à tous nos moments passés ensemble, à nos joies comme à nos peines. Ils avaient cru en moi et voilà que je les décevais. Malicya n’était pas infaillible, Malicya n’avait pas été assez forte pour tout endurer, Malicya se mourait. J’étais trop faible pour pouvoir même verser une larme mais mon cœur lui saignait à l’évocation de la perte de mes amis.
Soudain je repris un peu de lucidité en repensant à Fey. Cette fidèle sramette qui avait toujours lutter à mes côtés malgré nos divergences d’opinions. Il l’avait eu elle aussi. Nous étions tombées à peu de temps d’intervalles. L’ennemi avait quitté les lieux une fois sa victoire assurée, nous laissant pour mortes. Et pourtant une minuscule étincelle de vie persistait en moi, si seulement je parvenais à trouver la force de dire un mot de sacrifice pour elle…
Il était trop tard, cette fois Malicya n’était plus. On est bien peu de choses en ce monde, que reste t’il de nous alors quand on l’a quitté ? Une étincelle à peine dans les yeux de ceux qui nous ont vraiment aimé. Une larme peut-être dans les yeux d’un dragon. Chaque fois que l’on dit qu’on ne croit pas aux fées, une d’elle meurt. Et Mali, qui avait été dans le cœur de certains une petite fée généreuse est morte une deuxième fois lorsqu’on eut cessé de croire en elle et en sa cause.